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CONCLUSION


Lorsqu’on ne peut prouver qu’une chose est, on peut essayer de prouver qu’elle n’est pas. Que si l’on ne réussit ni dans l’un ni dans l’autre cas (ce qui arrive souvent), on peut encore se demander si l’on a quelque intérêt à admettre l’un ou l’autre (par hypothèse), et cela soit au point de vue théorétique, soit au point de vue pratique, c’est-à-dire soit pour s’expliquer un certain phénomène (comme, par exemple, en astronomie, le retour et la fixité des planètes), soit pour atteindre un certain but, lequel à son tour peut être ou pragmatique (purement technique[1]) ou moral, c’est-à-dire un but qu’il soit de notre devoir de prendre pour maxime. — Il est évident que ce n’est pas la supposition[2] (suppositio) de la possibilité d’atteindre cette fin, ce qui est l’objet d’un jugement purement théorétique et en outre problématique, qui est ici érigé en devoir, car il n’y a pas là d’obligation (on n’est pas obligé de croire quelque chose) ; ce à quoi le devoir nous oblige, c’est d’agir d’après l’idée de cette fin, encore qu’il n’y ait pas la moindre vraisemblance théorétique qu’elle puisse être atteinte, quoique l’impossibilité n’en soit pas davantage démontrée.

Or la raison moralement pratique nous adresse ce veto irrésistible : il ne doit pas y avoir de guerre, ni

  1. Blosser Kunstzweck.
  2. Das Annehmen.