Page:Kant - Éléments métaphysiques de la doctrine du droit.djvu/558

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356 PETITS ECRITS RELATIFS AU DROIT heur par le chemin qui lui semble bon, pourvu qu’il ne porte pas atteinte à la liberte qu’ont les autres de tendre également à leurs propres fins, en tant que cette liberté peut s’accorder avec celle de chacun suivant une loi générale (c'est-à-dire au même droit dans autrui). — Un gouvernement fondé sur le principe d’une bienveillance ·à l’égard du peuple semblable à celle d’un père à l’égard de ses enfants, c’est-à—dire un gouvernement paternel (imperium paternale) , où les sujets, comme des enfants mineurs, qui ne peuvent distinguer ce qui leur est véritablement utile ou nuisible, sont réduits à un rôle purement passif, forcés qu’ils sont d’attendre du jugement de leur souverain, qu’il décide comment ils doivent être heureux, et de sa bonté, qu’il veuille bien s’occuper de leur bonheur : un tel gouvernement est le plus grand despotisme que l’on puisse concevoir (car il enlève aux sujets toute liberté, et ceux—ci n’ont plus aucune espèce de droits). Ce n’est pas le gouvernement paternel, mais le gouvernement patriotique (imperium non paternale , sed patriotieum ) qui seul convient à des hommes capables de droit, et en même temps à la bonté du souverain. J ’appelle patriotique cette façon de penser qui fait que chacun dans l’État (sans en excepter le souverain) considère la chose publique comme le giron maternel, ou le pays comme le sol paternel, d’où il tire son origine et qu’il doit léguer à son tour comme un gage précieux, afin d’en défendre les droits par les seules lois de la volonté commune, et ne se croit pas autorisé à en disposer absolument selon son bon plaisir.-Ce droit de la liberté appartient au membre de l’État comme homme, c'est-à—dire en tant qu’il est un être en général capable de droits.

II. Égalité de tout membre de la société comme sujet. On peut la formuler de cette manière : chaque membre de l’État a des droits de contrainte sur tout autre, le souverain seul excepté, qui (n’en étant pas un membre , mais l’auteur ou le conservateur) a seul le droit de contraindre, sans être soumis lui-même à un droit de contrainte. Mais tout ce qui vit sous des lois est sujet d’un État et par conséquent est soumis au droit de contrainte, à l’égal de tous les autres membres de la république; il n’y a d’exception que pour une seule personne (physique ou morale), le souverain de l’État, par qui seul toute contrainte

1 Yaeterliche. — 2 Vaterlaendische.