Page:Kant - Éléments métaphysiques de la doctrine du droit.djvu/568

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366 rrrrrs lcnrrs marier au naorr. jugement soit contraire à celui du chef réel de l’Etat, qui dé- cidera de quel coté est le droit? Aucune des deux parties ne le peut faire, comme étant juge en sa propre cause. Il faudrait donc qu’il y eut encore , au-dessus du souverain , un souve- rain qui décidai entre lui et le peuple, ce qui est contradic- toire. -- On ne peut non plus invoquer ici une sorte de droit de nécessité (jus in casu necessitatis) , qui d’ailleurs, comme prétendu droit de commettre une injustice , en cas d’urgence (physique) extrème, est un non·sens (1), et livrer au peuple le clef de la barrière qui arrète son pouvoir arbitraire. Gar le chef de l’Etat peut chercher la justification de sa dure conduite li l’égard des sujets dans leur indocilité, tout comme ceux-ci peuvent croire justifier leur révolte contre lui_ en se plaignant de lem·s injustes souffrances. Or qui décidera ici? Celui qui , est en possession supreme de Psdministration de la justice pu- blique, et c’est justement le chef de l'Etat, celui-là seul peut le , et par conséquent personne dans l’État ne peut avoir le droit de lui disputer cette possession. Pourtant je trouve des hommes respectables qui accordent - dans certaines circonstances aux sujets le droit de resister à leur chef; je ne citerai parmi eux qu’un auteur extrèmement (I) Il n’y a de cam: necessitati: que dans le cas où ll y a colllslon entre nos devoirs, e’est-a·dire entre des devoirs absolus et des devoirs (peut- dtre grands , mais) conditionnels, comme par exemple lorsqu’il s’agit de préserver l'Etat d’un malheur dont le menace la trahison de quelqu'un, avec lequel on est étroitement lié , comme un père ou un tlls. Ce devoir de détourner le mal qui menace le premier est absolu , celui de détourner le mal qul menace le second est conditionnel, c'est-à-dire n'est un devoir qu’eutant qu’il ne s’est rendu coupable d'aucun crime contre l’Etat). Ce ne sera sans doute qu’avec la plus grande répugnance que l’on dénoncers a Pautorlté l’attentat dont l’État est menacé, mais on y est poussé par la nécessité (par une nécessité morale).-Mais, si quelqu'un , pour sauver sa propre vie , repousse un autre naufrage de sa planche , il est tout à fait faux de dire que la nécessité (physique) ou Il se trouvait lut en a donné le droit; car sauver sa vis n’est qu’un devoir conditionnel (n’est un devoir que quand on peut le faire sans crime), tandis que c’est un devoir absolu de ne pas l’cnlever à un autre, qui ne m'oll'cnse pas , et qui même ne me met pas en danger de perdre la mienne. Pourtant les docteurs en droit clvll général se montrent très-conséquents en reconnaissant un droit juridique dam ce cas de détresse. En etfet l’autorité ne peut appliquer aucune peine a ce cas , car cette [eine serait lamort, et ea seraltune loi absurde que celle qui menscœalt quelqu’uu de la mort, parcsqu'il ns se serait pas volontairement livré à la mort dans des circonstances dangereuses.