Page:Kant - Anthropologie.djvu/185

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1T4 de l'imtelligence.

ce n'est pas la même chose. On dit qu'il est possible de reconnaître la beauté -d'un discours, d'un écrit, d'une dame en société, etc., sans convenir qu'il y ait en tout cela du génie. La provision de l'esprit ne constitue pas le génie ; on peut même se dégoûter de l'esprit, parce qu'il ne laisse rien après soi. Quand discours, écrits et personnes méritent d'être appelés de génie (geùtvoll), ils doivent alors exciter un intérêt, et même par le moyen des idées : l'imagination en reçoit une impulsion qui lui fait entrevoir un grand théâtre pour des notions de cette espèce. Ce serait donc comme si nous rendions le mot français géme par l'allemand esprit propre {eigenthuemlicher Geist)·; •car notre nation se laisse persuader que les Français Ont dans leur langue un terme propre, que nous n'aurions pas dans la nôtre, mais que nous serions obligés de leur emprunter, quand eux-mêmes l'ont emprunté du latin, genius, qui ne signifie pas autre chose qu'un, esprit propre. Mais ce qui fait que l'originalité exemplaire du talent reçoit ce nom mystique,, c'est que celui qui possède ce talent ne peut s'en expliquer la spontanéité, ou bien encore se rendre raison de la manière dont il possède un art qu'il n'a pu apprendre, dont il ne peut pas même se rendre compte. Car l'invisibilité (de la cause qui produit un pareil effet) est une notion accessoire d'un esprit (d'un génie, qui a été uni à l'homme de talent dès sa naissance), dont il ne fait pour ainsi dire que suivre les inspirations. Mais les facultés de l'âme doivent recevoir, dans l'homme de