Page:Kant - Anthropologie.djvu/193

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realiter oppositum). — Les expressions : ce qui plaît ou déplaît et ce qui est contraire, l’indifférent, sont trop larges ; elles peuvent convenir également à l’intellectuel, où il n’y a cependant ni jouissance, ni douleur.

On peut encore expliquer ces sentiments par l’effet qu’occasionne notre état sur l’âme. Ce qui me porte immédiatement (par les sens) à délaisser ma situation (à en sortir), m’est désagréable[1], me fait souffrir ; ce qui me porte à la garder (à y rester), m’est agréable, — il me fait jouir. Nous sommes continuellement emportés par le cours du temps et par la vicissitude des sensations qui s’y rattachent. Quoique le fait de sortir d’un moment de la durée et d’entrer dans un autre soit un seul et même acte (celui du changement), il y a néanmoins dans notre pensée et dans la conscience de ce changement une succession, suivant le rapport de cause et d’effet. — On se demande maintenant si la conscience de quitter l’état présent, ou si la perspective d’entrer dans un état futur excite une sensation de plaisir ? Dans le premier cas, la jouissance n’est que la disparition d’une douleur et quelque chose de négatif ; dans le deuxième, ce serait le pressentiment d’un était agréable, par conséquent l’accroissement de l’état de plaisir, quelque chose de positif. On entrevoit déjà que le premier cas seul aura lieu ; car le temps nous entraîne du présent à l’avenir (et pas réciproquement), et que nous serons d’abord

  1. Comp. §. 76. Sch.