Page:Kant - Anthropologie.djvu/246

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enfants lorsqu’ils entendent de leurs nourrices, le soir, des contes de revenants. — Tel est encore le frémissement, qui a lieu comme si l’on recevait de l’eau froide sur le corps (comme dans le frissonnement de la pluie). Ce n’est pas la perception, mais la simple pensée du danger, bien qu’on sache qu’il n’existe pas, qui produit cette sensation, laquelle n’est pas précisément désagréable lorsqu’elle n’est qu’un simple accès et non une explosion de terreur.

Le vertige et le mal de mer, quant à la cause, paraissent appartenir à la classe de ces dangers en idée. — On peut marcher sans chanceler sur une planche qui est par terre[1]. Mais si elle est posée sur un précipice, ou même, pour une personne faible de nerfs, sur un fossé, la vaine crainte du péril devient alors un véritable danger. Le tangage d’un vaisseau, même par un vent calme, est un mouvement alternatif de haut et de bas. Quand le bâtiment descend, l’effort de la nature pour s’élever (parce que tout mouvement de haut en bas entraîne en général l’idée de péril), par suite le mouvement de l’estomac et des intestins de bas en haut se trouve mécaniquement lié à un besoin de vomir, qui devient encore plus grand lorsque le patient regarde par les ouvertures de la cajute, et aperçoit tour à tour le ciel et la mer ; ce qui augmente encore l’illusion par laquelle il lui semble qu’un siège se dérobe sous lui.

Un acteur, qui lui même est froid, mais qui du reste

  1. Comp. la note du § XXIX, p. 82. Sch.