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244 DE LA FACULTÉ APPÉTITIVB.

blis par ce sentiment de liberté (ils se sont séparés des autres branches du même tronc). — Non seulement donc le sentiment de la liberté réveille, parmi les lois morales, une émotion qui prend le nom d'enthousiasme, mais la représentation purement sensible de la liberté extérieure exalte l'inclination à rester libres, ou à étendre cette liberté, par analogie avec la notion de droit, jusqu'à la violence de la passion. L'inclination la plus forte même (par exemple celle du sexe} ne prend pas le nom de passion chez les simples animaux, parce qu'ils sont dépourvus de la raison, qui est l'unique fondement de la notion de liberté, et qui se trouve en collision avec la passion, dont l'emportement est dès lors imputable à l'homme. — Il est vrai qu'on dit des hommes qu'ils aiment passionnément certaines choses (le vin, le jeu, la chasse), ou qu'ils haïssent de même (par exemple le musc, l'eau-de-vie), mais on n'appelle pas précisément passions ces inclinations ou aversions diverses, parce que ce sont autant d'instincts divers seulement, c'est-à-dire autant de modes divers du pâtir pur et simple dans la faculté appétitive. Elles doivent donc être classées non quant aux objets du désir comme choses (il y en aurait une infinité), mais quant au principe de l'usage ou de l'abus que les hommes font entre eux de leur personne et de leur liberté, puisqu'un homme fait d'un autre un simple moyen pour ses fins. — Les passions ne tendent proprement qu'à l'homme et ne peuvent être satisfaites que par lui.