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248 DE LA FACULTÉ APPÉTITIVE.

pendant, à l'égard de ce que la raison commande aux hommes, que de pures faiblesses. Ce qui fait que le pouvoir de l'homme redouté de faire servir ses passions à ses desseins, doit être proportionnellement moindre que la passion dont les autres hommes sont dominés est plus grande. L'ambition est cette faiblesse des hommes qui fait qu'on peut avoir et de l'influence sur eux et de l'empire au moyen de leur opinion, par la crainte et lacw-pidité que leur inspire leur propre intérêt. Il y a dans tout cela quelque chose de servile qui, s'il tombe sous la puissance d'autrui, lui donne le pouvoir de le tourner à ses propres fins, en mettant à profit les inclinations qui l'accompagnent. — Mais la conscience de ce pouvoir en soi et de la possession des moyens de satisfaire ses désirs, excite encore plus la passion que l'usage qui en est fait. § LXXXIV. A AMBITION. L'ambition n'est pas Y amour de G honneur, une hauts estime qu'un homme doive attendre d'un autre homme, à cause de sa valeur intrinsèque (morale) ; c'est l'aspiration à une réputation brillante, où l'apparence suffit. Si l'on peut flatter l'orgueil (qui veut que les autres s'estiment peu en comparaison de nous-mêmes), si l'on peut, dis-je, flatter cet orgueil, on acquiert par cette passion de l'insensé un certain empire sur