Page:Kant - Anthropologie.djvu/292

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etc., n’avoir avec eux que des rapports d’affaires.

e) Ne pas se soucier du jugement superficiel et malveillant des autres ; ce serait déjà faiblesse de les imiter. De plus, la crainte de manquer à la mode, qui est chose passagère et changeante, doit être modérée ; et si la mode a déjà pris une grande influence, il ne faut pas du moins qu’elle exerce son empire jusque dans la moralité.

L’homme qui a conscience d’avoir du caractère dans sa façon de penser, ne tient pas ce caractère de la nature, il doit toujours l’avoir acquis. Il faut reconnaître aussi que le fondement du caractère, pareil à une renaissance, est comme une certaine promesse solennelle qu’on se fait à soi-même, et que cette promesse, ainsi que le moment où s’accomplit en nous cette révolution, forment comme une nouvelle ère qui ne peut être oubliée. — L’éducation, les exemples, l’instruction ne peuvent opérer insensiblement cette fermeté et cette constance dans des principes ; elle ne peut avoir lieu que tout d’un coup, comme par une sorte d’explosion qui remplace instantanément le dégoût pour un état de fluctuation instinctif. Il n’y a sans doute qu’un petit nombre de personnes qui aient tenté cette métamorphose avant l’âge de trente ans, et un moindre nombre encore l’ont complètement effectué avant la quarantaine. — Vouloir s’amender peu à peu, partiellement, est une vaine tentative ; car une impression s’évanouit pendant qu’on travaille à une autre. Le fondement d’un caractère consiste bien plutôt dans l’unité absolue du principe