pourrions donner aucun caractère, parce que nous n’avons aucune connaissance d’êtres raisonnables non terrestres, qui nous permette d’en assigner la propriété essentielle, et de caractériser par là celle d’un être terrestre parmi les êtres raisonnables en général. — Il semble donc que le problème de donner le caractère du genre humain est absolument insoluble, attendu que la solution devrait se faire expérimentalement par comparaison de deux espèces d’êtres raisonnables, et que l’expérience ne nous les donne pas.
Il ne nous reste donc, pour assigner à l’homme son rang dans le système de la nature vivante et pour le caractériser, que de dire qu’il a le caractère qu’il s’est fait lui-même, puisqu’il est capable de se perfectionner suivant des fins prises de sa nature ; ce qui fait que, comme animal capable de raison (animal rationabile), il peut de lui-même se rendre un animal raisonnable (animal rationale). — Et alors : premièrement, il se conserve lui-même et son espèce ; secondement, il l’exerce, l’instruit et la forme pour la société domestique ; troisièmement, il la gouverne comme un tout systématique (ordonné suivant des principes rationnels) destiné à vivre en société. En quoi l’élément caractéristique du genre humain, par comparaison avec l’idée d’êtres raisonnables possibles sur la terre en général, revient à ceci : que la nature a placé et a voulu le germe de la division, que sa propre raison en tire l’union, du moins l’approximation constante à l’union qui est le but idéal, tandis que la discorde est en fait, dans le plan de la nature, le moyen employé