Page:Kant - Anthropologie.djvu/397

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rapport, au moyen de la matière, est purement contingent et repose sur un décret divin particulier, tandis que l’autre est au contraire naturel et indissoluble.

Si donc on prend de cette manière tous les principes de la vie en une nature totale comme autant de substances incorporelles en commerce réciproque, mais aussi en partie réunis à la matière, on conçoit alors un grand tout du monde immatériel ; une série immense, mais inconnue d’êtres et de natures actives anime seule la matière morte du monde corporel. Mais jusqu’à quelles parties de la nature s’étend la vie, quels sont les degrés qui confinent immédiatement l’entière privation de la vie, c’est là ce qui ne pourra peut-être jamais se décider avec certitude. L’hylozoïsme anime tout ; le matérialisme au contraire, bien considéré, tue tout. Maupertuis attribue le moindre degré possible de vie aux particules organiques vitales des animaux. D’autres philosophes n’y voient que des masses sans vie, qui ne servent qu’à grossir les leviers des machines animales. Le caractère indubitable de la vie, en ce qui tombe sous nos sens extérieurs, est bien le libre mouvement qui fait présumer son origine volontaire. Mais le raisonnement qui conclut à l’absence totale de la vie dans le cas où ce caractère ne se montre pas, n’est pas certain. Boerhaave dit quelque part que l’animal est une plante qui a ses racines dans l’estomac (intérieurement). Des animaux peuvent donc manquer des organes du libre mouvement, et par là des caractères extérieurs de la vie, organes qui sont cependant nécessaires aux plantes, parce qu’un être qui possède en soi les organes de nutrition doit pouvoir se mouvoir suivant ses besoins, mais que celui auquel ces organes sont attachés extérieurement et plongés dans l’élément de sa conservation, est déjà suffisamment conservé par des forces extérieures ; et, quoiqu’il contienne un principe de la vie intérieure dans la végétation, il n’a cependant besoin d’aucune constitution organique pour son action volontaire extérieure. Je ne désire point faire de tout ceci autant d’arguments, car, outre que j’aurais fort peu à dire à l’avantage de