Page:Kant - Anthropologie.djvu/417

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dans l’espace doit constituer le caractère essentiel de cette notion.

Il est aussi très vraisemblable que les notions d’éducation concernant les formes des esprits fournissent à une tête malade les matériaux des imaginations illusoires, et qu’un cerveau vide de tous ces préjugés, quoique aflfecté d’un pareil trouble, ne se forgerait pas si facilement des images de cette espèce. De plus, on voit aussi par là que la maladie du fantaste concernant, à proprement parler, non pas l’entendement, mais l’illusion des sens, l’infortuné qui en souffre ne peut se délivrer de ses illusions par aucun, raisonnement, parce que la perception véritable ou apparente des sens mêmes précède tout jugement de l’entendement, et possède une évidence immédiate qui est au-dessus de toute persuasion.

La conséquence de ces réflexions a cet inconvénient, de rendre complètement inutile la profonde conjecture du chapitre précédent, et de faire que le lecteur, si disposé qu’il puisse être à donner quelque assentiment à ses doutes d’idéaliste, préférera cependant la notion la plus expéditive et la plus commode dans le jugement, et qui peut se promettre une plus générale approbation. Car, outre qu’il semble être plus conforme à une manière de penser raisonnable de tirer les raisons d’explication de la matière que nous offre l’expérience, que de se perdre dans des notions vertigineuses d’une raison moitié poétique, moitié raisonneuse, il y a de ce côté-ci encore je ne sais quelle occasion de raillerie qui, fondée ou non, est un motif plus puissant que tout autre, de s’abstenir de toutes vaines recherches. Car il est d’un mauvais présage de vouloir sérieusement expliquer les chimères des fantastes, et la philosophie qui s’abandonne à des relations si compromettantes se rend suspecte. Si je n’ai pas d’abord attaqué le délire dans une semblable vision, si je l’ai plutôt rattaché non comme la cause d’un commerce imaginé entre les esprits, mais comme une conséquence de ce commerce, quelle folie, cependant, ne pourrait être conciliée avec une sagesse sans fondement ? Je n’ai donc pas