signe, ce qui est davantage. Telle est aussi l’origine des nouvelles interprétations qu’il a voulu donner de l’Ecriture sainte. Le sens intime, c’est-à-dire le rapport symbolique de tout ce qui s’y trouve raconté du monde spirituel, est en effet, comme il le rêve, le noyau de leur valeur ; le reste n’en est que l’écorce. Mais ce qui importe encore dans cette liaison symbolique des choses corporelles comme images avec l’état interne de l’esprit, c’est cela. Tous les esprits se représentent toujours entre eux sous l’apparence de figures étendues, et les influences respectives de tous ces êtres spirituels excitent en eux l’apparence d’autres êtres étendus, et en quelque sorte d’un monde matériel dont les images ne sont cependant que des symboles de leur état intérieur, mais produisent néanmoins une si claire et si durable illusion du sens, qu’elle est égale à l’impression sensible d’objets semblables. — Un futur interprète en conclura que Swedenborg est un idéaliste, parce qu’il refuse à la matière de ce monde une substance propre, et qu’il peut bien ne la regarder que comme un phénomène composé qui résulte de la liaison du monde spirituel. — Il parle en conséquence de jardins, de vastes régions, de lieux habités, de galeries et de portiques des esprits, qu’il voit de ses propres yeux avec la plus grande clarté. Il assure qu’ayant causé maintes fois avec tous ses amis défunts, il avait presque toujours trouvé que ceux qui étaient morts depuis peu parvenaient très difficilement à se persuader qu’ils fussent morts, parce qu’ils voyaient autour d’eux un monde semblable ; de plus, que des sociétés d’esprits de même état interne avaient la même apparence de région et d’autres choses qui s’y trouvent, mais que le changement de leur état dépendait de l’apparence du changement de lieu. Or comme il arrive toujours, lorsque les esprits communiquent leurs pensées aux âmes humaines, que ces pensées sont jointes à l’apparence de choses matérielles qui, au fond, ne s’offrent à celui qui les reçoit qu’en vertu d’un rapport au sens spirituel, mais avec toute l’apparence de la réalité, il en résulte cette provision de formes étranges et indiciblement absurdes
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