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478 APPENDICES.

sion est actuellement négligée par rapport à la vue, tandis qu'elle devrait être améliorée, puisque la lecture est devenue un besoin pour chacun.

Je crois aussi qu'il y aurait un grand inconvénient si Ton imprimait sur du papier qui ne fût pas blanc, avec de l'encre grise, des lettres trop fines, trop délicates, ou ayant peu de corps; et je signale comme un devoir sacré à tout auteur, éditeur ou imprimeur, de songer davantage à l'avenir, au bien-être des yeux de leurs lecteurs. La couleur pale des lettres est principalement nuisible, et c'est une chose impardonnable que les imprimeurs, pour un misérable bénéfice ou pour leur commodité, manquent en cela. Plus la couleur des lettres diffêie de celle du papier, plus l'oeil saisit facilement l'image, et moins cette opération fatigue la vue pendant la lecture.—Ainsi, du papier parfaitement blanc et de l'encre parfaitement noire sont deux choses que je demande très instamment à Messieurs les imprimeurs et libraires allemands, au nom du public lecteur. Puissent-ils le faire pour l'honneur de la nation allemande ! car les impressions étrangères se distinguent parmi les meilleures des nôtres, d'une manière bien avantageuse. Puissent-ils le faire pour l'acquit de leur conscience! car ils pèchent certainement lorsqu'ils deviennent insciernment cause que tant de personnes sont affectées de myopie, ou perdent la vue. Mais en ce qui concerne les caractères latins, comme cause de dommage pour les yeux, je demande la permission d'être d'un avis différent, pour les motifs suivants : 1° Ces lettres ne sont pas aussi préjudiciables aux yeux que nos lettres allemandes, puisqu'il eet certain qu'en Angleterre, en France et dans d'autres pays, où elles ont été employées successivement, les vues basses ne sont pas plus fréquentes que parmi nous. 2° Si elles paraissent fatiguer un peu plus un allemand, habitué à lire les caractères de son pays, cette cause consiste simplement en ce qu'il n'y est pas habitué; cette tendance à nuire se perd, dès que l'on est accoutumé à cette sorte de lettres, et se réduit à rien si l'on s'y est habitué depuis sa jeunesse. 3o 11 est vrai que ces caractères attaquent la vue, s'ils sont trop petits ou trop maigres, mais cela s'observe aussi pour les lettres allemandes, et je tiens encore pour plus évidemment utile de prendre pour les caractères latins un type plus grand et plus fort ; ce qui était l'unique motif pour lequel je les choisissais de cette manière dans ma macrobiotique, quoique yà et lii l'on y ait trouvé un motif d'ennui : preuve que souvent Ton est méconnu précisément lorsqu'on s'occupe du mieux possible pour le bien public. Ainsi, je ne trouve aucun motif médical contraire qui puisse me détourner de leur usage; mais il y en a beaucoup qui m'engagent à les employer, et qui m'ont souvent porté à les préférer. En premier lieu, je crois que notre littérature et notre langue entreraient bien plus facilement dans les autres pays, si nous imprimions en caractères latins; car beaucoup d'étrangers sont déjà effrayés par un type et des caractères différents des leurs, et l'on se décide certainement plus difficilement à l'étude d'une langue lorsqu'il faut commencer par apprendre la forme des