Page:Kant - Critique de la raison pratique (trad. Picavet).djvu/194

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rieurement à la loi morale, est exclu des principes déterminants de la volonté que nous avons nommés (unter dem Namen) le bien inconditionné1 , par cette loi elle-même qui est la condition suprême de la raison pratique, et que la simple forme pratique, qui consiste dans l’aptitude des maximes à une législation universelle, détermine d’abord ce qui est bon en soi et absolument (schlechterdings) et fonde la maxime d’une volonté pure, qui seule est bonne à tous égards. Or, nous trouvons notre nature, comme êtres sensibles, constituée de telle sorte que la matière de la faculté de désirer (les objets du penchant, soit de l’espérance, soit de la crainte), s’impose d’abord et que notre moi (Selbst) pathologiquement déterminable, bien qu’il soit tout à fait impropre par ses maximes à une législation universelle, s’est efforcé cependant, comme s’il formait notre moi tout entier, de faire valoir d’abord ses prétentions comme premières et originelles (ersten und ursprünglichen). On peut nommer cette tendance à se faire soi-même, d’après les principes subjectifs de détermination de son libre arbitre (Willkühr), principe objectif de détermination de la volonté (Willens)2 en général, l'amour de soi {Selbstliebe) qui, s’il se donne pour législateur et comme principe pratique inconditionné, peut s’appeler présomption (Eigendünkel). Or la loi morale, qui seule est vraiment (c’est-à-dire à tous égards) objective, exclut tout à fait l’influence de


1 Nous traduisons ainsi et non par absolu comme Barni le mot Unbedingt Voyez p. 16. (F. P.)

2 On voit par l’opposition établie ici par Kant, qu’on ne peut traduire par le même mot volonté, les expressions Wille ou Willen et Willkühr Voyez p. 31, 42, 48, 74. (F. P.)