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Page:Kant - Critique de la raison pure, 1905.djvu/107

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adhèrent ces prédicats, qu’il a une réalité objective, tandis que cette réalité disparaît complètement ici, à moins qu’on ne veuille parler d’une réalité simplement empirique, qui n’envisage l’objet lui-même que comme phénomène. Sur ce point, il est bon de se reporter à la remarque faite dans la première section.

[§ 7]. — Explication.

Contre cette théorie qui attribue au temps une réalité empirique, mais qui en combat la réalité absolue et transcendantale, j’ai rencontré de la part d’hommes perspicaces une objection si unanime que j’en conclus qu’elle doit se présenter naturellement à l’esprit de tout lecteur qui n’est pas habitué à ces considérations. Elle se formule ainsi. Il y a des changements réels (c’est ce que prouve la succession de nos propres représentations, quand môme on voudrait nier les phénomènes extérieurs ainsi que leurs changements). Or, des changements ne sont possibles que dans le temps, le temps est donc quelque chose de réel. La réponse n’offre aucune difficulté. J’accorde l’argument tout entier. Le temps est, sans doute, quelque chose de réel, à savoir, la forme réelle de l’intuition intérieure. Il a donc une réalité subjective par rapport à l’expérience interne, c’est-à-dire que j’ai réellement la représentation du temps et de mes déterminations en lui. Il faut donc le considérer réellement non pas comme objet, mais comme un mode de représentation de moi-même en tant qu’objet. Mais, si je pouvais m’intuitionner moi-même ou si un autre être pouvait m’intuitionner, sans cette condition de la sensibilité, ces mêmes déterminations que nous nous représentons comme des changements, nous donneraient une connaissance dans laquelle on ne trouverait plus la représentation du temps, ni, par suite, celle du changement. La réalité empirique du temps demeure donc comme condition de toutes nos expériences. Seule, la réalité absolue ne peut pas lui être attribuée, d’après ce qu’on a avancé plus haut. Il n’est que la forme de notre intuition intérieure[1]. Si on lui enlève

  1. Je puis bien dire que mes représentations sont successives, mais cela veut dire seulement que nous en avons conscience comme dans une suite de temps, c’est-à-dire d’après la forme du sens interne. Le temps n’est pas pour cela quelque chose en soi ni même une détermination objectivement inhérente aux choses.