Page:Kant - Critique de la raison pure, 1905.djvu/12

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tincts de ces principes de physique positive qui les vérifient ; et la preuve en est qu’ils peuvent être tout aussi bien vérifiés par d’autres, tels que les trois lois fondamentales de l’énergétique moderne : la loi de la conservation de l’énergie, la loi de Clausius qui affirme le changement continu des phénomènes, en nie la réversibilité, et en conséquence lui impose un sens dans la durée ; enfin la loi de l’interaction des formes diverses de l’énergie, et, selon l’expression d’Ostwald, de leurs Verbindungen ou de leurs liaisons.

On conviendra qu’il est impossible de trouver ailleurs que dans la Critique de la Raison pure une formule plus nette des conditions qui rendent seules possible une expérience, au sens le plus riche et en même temps le plus moderne du mot, et qui servent de base à toute science positive. Et tandis que le positivisme de Comte fait sortir des contingences de l’histoire les mêmes constatations, sans justifier l’emploi universel de l’analyse mathématique ou la valeur des lois physiques autrement que comme des faits et nullement comme des nécessités logiques, on avouera qu’il serait souverainement injuste de faire un crime à Kant d’avoir tenté de justifier ces faits en les rattachant à des lois primitives et constitutives de l’esprit, à notre manière humaine à la fois et rationnelle de penser, ou, pour employer le langage dont il se sert, à « l’unité de l’aperception transcendantale » qui n’est qu’une autre désignation de notre conscience, ou, comme il dit encore, de notre « conscience pure ». On est presque confus de songer, lorsqu’on expose ces choses dans la langue de Kant, que ces mots « conscience pure », « concepts purs », « unité de l’aperception transcendantale », etc., etc., constituent le principal obstacle à la diffusion de sa pensée dans les milieux scientifiques, du moins dans notre pays, et que des philosophes mêmes lui en tiennent rigueur comme