première partie, mais nous allons maintenant tâcher de considérer les deux autres d’après leur naturel[1] >.
- ↑ Tout ce dernier alinéa a été remplacé parce qui suit dans la 2e édition :
[Le célèbre Locke, faute d’avoir fait cette considération et parce qu’il trouvait, dans l’expérience, des concepts purs de l’entendement, les dériva aussi de l’expérience ; il procéda cependant avec tant d’inconséquence qu’il entreprit d’arriver par là à des connaissances qui dépassent toutes les limites de l’expérience. David Hume reconnut que, pour avoir le droit de faire cela, il est nécessaire que ces concepts aient leur origine a priori. Mais comme il ne put pas s’expliquer comment il est possible que l’entendement puisse penser des concepts, qui ne sont pas liés en soi dans l’entendement, comme étant cependant nécessairement liés dans l’objet, et comme il ne lui vint pas à l’esprit que l’entendement était peut-être, par ces concepts même, le créateur de l’expérience qui lui fournit ses objets, il se vit obligé de les dériver de l’expérience (à savoir d’une nécessité subjective qui résulte d’une association répétée dans l’expérience, et qu’on arrive à prendre faussement pour objective, c’est-à-dire de l’habitude) ; mais il se montra ensuite très conséquent en ce qu’il déclara impossible de dépasser, avec des concepts de cette espèce et avec les principes auxquels ils donnent naissance, les limites de l’expérience. Mais la dérivation empirique, à laquelle ils eurent tous les deux recours, ne peut se concilier avec la réalité des connaissances scientifiques a priori que nous avons, la mathématique pure et la physique générale, et par conséquent elle est contredite par le fait.
Le premier de ces deux hommes illustres ouvrit toutes les portes à l’extravagance parce que la raison, une fois qu’elle a des droits de son côté, ne se laisse pas tenir en lisière par de vagues conseils de modération ; le second tomba entièrement dans le scepticisme, quand il crut avoir découvert que ce qu’on prend si généralement pour la raison n’est qu’une illusion générale de notre pouvoir de connaître. — Nous allons maintenant essayer de voir si l’on ne peut pas conduire la raison humaine entre ces deux écueils, lui fixer des limites déterminées et enfin lui garder ouvert tout entier le champ de sa légitime activité.
Auparavant je rappellerai seulement la définition des catégories. Elles sont des concepts d’un objet en général, au moyen desquels l’intuition de cet objet est considérée comme déterminée par rapport à une des fonctions logiques des jugements. Ainsi la fonction du jugement catégorique est celle du rapport du sujet au prédicat, par exemple : Tous les corps sont divisibles. Seulement, par rapport à l’usage simplement logique de l’entendement, on ne détermine pas auquel des deux concepts on veut donner la fonction du sujet et auquel, celle du prédicat. En effet, on peut dire aussi : quelque divisible est un corps. Au contraire, si je place dans la catégorie de la substance le concept d’un corps, il est décidé par là que son intuition empirique doit toujours être considérée dans l’expérience comme sujet et jamais comme simple prédicat. Et il en est de même pour les autres catégories.]