Page:Kant - Critique de la raison pure, 1905.djvu/224

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pure (celle de l’espace et du temps) ; ce que la géométrie dit de l’une s’applique donc sans contredit à l’autre et l’on ne peut plus prétexter que, par exemple, les objets des sens ne doivent pas être conformes aux règles de la construction dans l’espace (par exemple, aux divisibilités infinies des lignes ou des angles). Car on dénierait par là à l’espace et, en même temps qu’à l’espace, à toute la Mathématique, toute valeur objective et l’on ne saurait plus pourquoi ni jusqu’où on pourrait appliquer cette réalité aux phénomènes. La synthèse des espaces et des temps considérés comme les formes essentielles de toute l’intuition est ce qui rend en même temps possible l’appréhension du phénomène, par conséquent toute expérience extérieure, par suite aussi toute connaissance des objets de cette dernière, et ce que la Mathématique dans l’usage pur démontre de celle-là est nécessairement valable aussi de celle-ci. Toutes les objections là contre ne sont que des chicanes d’une raison mal éclairée qui se trompe en pensant délivrer les objets des sens des conditions formelles de notre sensibilité et qui, bien que ces objets soient simplement des phénomènes, les représente comme des objets en soi, donnés à l’entendement, auquel cas évidemment rien ne pourrait en être connu a priori, ni, par suite, synthétiquement au moyen des concepts purs de l’espace ; et la science qui détermine ces derniers concepts, la géométrie, ne serait plus elle-même possible.

Les anticipations de la perception.

Le principe (der Grundsalz) qui anticipe toutes les perceptions comme telles, s’exprime ainsi : Dans tous les phénomènes la sensation et le réel qui lui correspond dans l’objet (realitas phænomenon) ont une grandeur intensive, c’est-à-dire un degré[1].

[2][Preuve.

La perception est la conscience empirique, c’est-à-dire une conscience accompagnée de sensation. Les phénomènes,

  1. Ce titre a été modifié comme suit dans la 2e  édition :

    Anticipations de la perception

    Le principe (das Princip) en est que dans tous les phénomènes le réel, qui est un objet de la sensation, a une grandeur intensive, c’est-à-dire un degré.

  2. Jusqu’à la fin du 1er  paragraphe, addition de la 2e  édition.