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PRINCIPE DE LA COMMUNAUTÉ

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rique, sans qu’on en admette ou qu’on en permette l’usage transcendantal. En effet, pour que ces catégories n’aient pas une valeur simplement logique et ne se bornent pas à exprimer analytiquement la forme de la pensée, mais qu’elles se rapportent aux choses et à leur possibilité, à leur réalité ou à leur nécessité, il faut qu’elles s’appliquent à l’expérience possible et à son unité synthétique dans laquelle seule sont donnés les objets de la connaissance. Le postulat de la possibilité des choses exige donc que leur concept s’accorde avec les conditions formelles d’une expérience en général. Mais cette expérience, ou plutôt (nemlich) la forme objective de cette expérience en général, renferme toute la synthèse nécessaire pour la connaissance des objets (Objecte). Un concept qui embrasse une synthèse doit être tenu pour vide et ne se rapporte à aucun objet, quand cette synthèse n’appartient pas à l’expérience, soit comme tirée de l’expérience — et alors le concept prend le nom d’empirique,

soit comme condition a priori sur

laquelle repose l’expérience en général (la forme de l’expérience )

et alors c’est un concept pur, mais qui appartient à l’expérience, puisque l’objet (Object) n’en peut être trouvé que dans l’expérience. En effet, d’où veut-on tirer le caractère de la possibilité d’un objet pensé a priori au moyen d’un concept synthétique, si ce n’est de la synthèse qui constitue, la forme de la connaissance empirique des objets (Objecte). Que dans un concept de ce genre on ne trouve pas de contradiction, c’est sans doute une condition logique nécessaire, mais c’est loin de suffire pour constituer la réalité objective du concept, c’est-à -dire la possibilité d’un objet tel qu’il est pensé, au moyen du concept. Ainsi, dans le concept d’une figure comprise entre deux lignes droites, il n’y a aucune contradiction, car les concepts de deux lignes droites et de leur rencontre ne contiennent la négation d’aucune.figure : l’impossibilité ne tient pas au concept lui-même, mais à la construction de ce concept dans l’espace, c’est-à -dire aux conditions de l’espace et de sa détermination ; or, ces conditions, à leur tour, ont leur réalité objective,

c’est-à-dire, se

rapportent à des choses possibles,

puisqu’en elles est ren-

fermée a priori la forme de l’expérience en général. Montrons maintenant l’utilité et l’influence considérables de ce postulat de la possibilité. Quand je me représente une