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faut bien que la matière (ou les choses mêmes qui apparaissent) doive servir de fondement (comme on devrait (müsste) le juger d’après des simples concepts), la possibilité en suppose plutôt comme donnée une intuition formelle (temps et espace).

REMARQUE SUR L’AMPHIBOLOGIE DES CONCEPTS DE LA RÉFLEXION

Qu’on me permette d’appeler lieu transcendantal la place que nous assignons à un concept soit dans la sensibilité, soit dans l’entendement pur. De cette manière on appellerait topique transcendantale la détermination de la place qui convient à chaque concept suivant la diversité de son usage et la manière de déterminer, suivant des règles, ce lieu pour tous les concepts ; ce serait la doctrine qui nous préserverait foncièrement des surprises de l’entendement pur et des illusions qui en découlent, puisqu’elle distinguerait toujours à quelle faculté de connaissance appartiennent en propre les concepts. On peut appeler lieu logique tout concept, tout titre dans lequel rentrent plusieurs connaissances. C’est là-dessus que se fonde la topique logique d’Aristote dont pouvaient se servir les rhéteurs et les orateurs pour chercher, sous certains titres de la pensée, ce qui convenait le mieux à la matière proposée et pour en raisonner subtilement ou en bavarder longuement avec une apparence de profondeur.

La topique transcendantale ne contient, au contraire, rien de plus que les quatre titres précédents de toute comparaison et de toute distinction, et ces titres se distinguent des catégories en ce qu’ils représentent dans toute sa diversité non pas l’objet d’après ce qui constitue son concept (quantité, réalité), mais seulement la comparaison des représentations qui précèdent le concept des choses. Mais cette comparaison exige avant tout une réflexion, c’est-à-dire une détermination du lieu auquel appartiennent les représentations des choses qui sont comparées, dans le but de savoir si l’entendement pur les pense ou si la sensibilité les donne dans le phénomène.

On peut comparer logiquement les concepts sans se préoccuper pour cela de savoir à quoi appartiennent les objets (Objecte), s’ils appartiennent à l’entendement comme noumènes, ou à la sensibilité comme phénomènes. Mais si, avec ces concepts, nous voulons arriver aux objets, une réflexion transcendantale est tout d’abord nécessaire pour