Page:Kant - Critique de la raison pure, 1905.djvu/33

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
À son excellence
Le ministre d’État du Roi (de Prusse).
Baron de Zedlitz


Monseigneur,

Apporter sa contribution à l’accroissement des sciences, c’est réellement travailler dans l’intérêt de Votre Excellence, car ces deux choses sont étroitement liées non seulement par les éminentes fonctions du protecteur, mais encore par les sympathies — auxquelles on peut mieux se fier, — de l’amateur et du connaisseur éclairé. C’est pourquoi j’ai recours au seul moyen qui soit en quelque sorte en mon pouvoir de témoigner à Votre Excellence ma gratitude pour la confiance bienveillante dont Elle m’honore, en m’estimant capable de contribuer en quelque chose à ces vues.

< Celui qui se plaît à la vie spéculative trouve, au milieu de ses désirs modestes, dans l’approbation d’un juge éclairé et capable, un puissant encouragement à des efforts dont l’utilité est grande, bien qu’éloignée et, pour cette raison, entièrement méconnue du vulgaire.[1] >

C’est à un tel juge et à sa bienveillante attention que je dédie le présent ouvrage ; c’est à sa protection que je confie tous les autres intérêts de ma carrière littéraire et je suis, avec le plus profond respect[2],

De Votre Excellence

le très humble et très obéissant serviteur

Immanuel Kant.
Königsberg, le 29 mars 1781.
  1. Cet alinéa fut supprimé dans la seconde édition.
  2. Dans la seconde édition cette phrase a été modifiée ainsi : C’est à l’attention bienveillante dont Votre Excellence a bien voulu honorer la première édition de cette œuvre que je dédie aussi cette seconde, ainsi que tous les autres int… Königsberg, le 23 avril 1787.