Page:Kant - Critique de la raison pure, 1905.djvu/37

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quelque souci qu’ils prennent de se rendre méconnaissables, en substituant aux termes de l’école un langage populaire, ne peuvent pas seulement penser quelque chose sans retomber inévitablement dans des affirmations métaphysiques pour lesquelles ils affichent pourtant un si grand mépris. Toutefois, cette indifférence qui se manifeste au milieu de l’épanouissement (millen in dem Flor) de toutes les sciences et qui atteint précisément celle à laquelle on serait le moins porté à renoncer, si la connaissance en était possible, est un phénomène digne de remarque et de réflexion. Elle n’est évidemment pas l’effet de la légèreté, mais celui du jugement[lower-greek 1] (Urtheilskraft) mûr d’un siècle qui ne veut pas se laisser bercer plus longtemps par une apparence de savoir ; elle est une invitation faite à la raison d’entreprendre à nouveau la plus difficile de toutes ses tâches, celle de la connaissance de soi-même, et d’instituer un tribunal qui la garantisse dans ses prétentions légitimes et puisse en retour condamner toutes ses usurpations sans fondements, non pas d’une manière arbitraire, mais au nom de ses lois éternelles et immuables. Or, ce tribunal n’est autre chose que la Critique de la Raison pure elle-même.

Je n’entends point par là une critique des livres et des systèmes, mais celle du pouvoir de la raison en général, par rapport à toutes les connaissances auxquelles elle peut aspirer indépendamment de toute expérience, par conséquent la solution de la question de la possibilité ou de l’impossibilité d’une métaphysique en général et la détermination aussi bien de ses sources que de son étendue et de ses limites, tout cela suivant des principes.


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