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342 DES RAISONNEMENTS DIALECTIQUES DE LA RAISON PURE

espèce de chose en soi (d’objet transcendantal) peut être la matière ? Nous l’ignorons sans doute entièrement ; pourtant la permanence comme phénomène en peut être observée du fait qu’elle est représentée comme quelque chose d’extérieur. Mais comme, dès que je veux observer le simple moi dans le changement de toutes les représentations, je n’ai jamais d’autre correlatum de mes comparaisons que moi-même avec les conditions générales de ma conscience, je ne puis faire que des réponses tautologiques à toutes les questions, en ce sens que je substitue mon concept et son unité aux qualités qui me conviennent à moi-même comme objet, et que je suppose ce qu’on désirait savoir.

4° PARALOGISME DE L’IDÉALITÉ DU RAPPORT EXTÉRIEUR Ce dont l’existence ne peut être conclue que comme celle d’une cause de perceptions données n’a qu’une existence douteuse. Or, tous les phénomènes extérieurs sont de telle nature que leur existence ne peut être immédiatement perçue, mais seulement conclue comme la cause de perceptions données. Donc l’existence de tous les objets des sens extérieurs est douteuse. Je donne à cette incertitude le nom d’idéalité des phénomènes extérieurs ; la philosophie de cette idéalité porte celui d’idéalisme et, en opposition avec ce système, l’affir-

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par consomption, s’il m’est permis de me servir de cette expression. En effet, la conscience même a toujours un degré qui peut toujours diminuer* ; il en est de même par conséquent du pouvoir d’avoir

  • La clarté n’est pas comme disent les Logiciens, la conscience d’une

représentation, car un certain degré de conscience, mais un degré trop faible pour donner lieu au souvenir, doit se rencontrer même dans beau- coup de représentations obscures, puisque, s’il n’y avait pas du tout de conscience, nous ne ferions aucune différence dans la liaison des représen- tations obscures, ce que pourtant nous pouvons faire pour les carac- téres de maints concepts (comme ceux du droit et de l’équité, et comme ceux que le musicien associe lorsqu’il groupe ensemble plusieurs notes dans une fantaisie). Mais une représentation est claire quand la cons- cience que nous en avons suffit pour que nous ayons aussi CONSCIENCE DE LA DIFFÉRENCE qui la distingue des autres. Mais si elle suffit pour la distinction et non pour la conscience de cette distinction, la repré- sentation doit encore être appelée représentation obscure. Il y a donc un nombre infini de degrés dans la conscience jusqu’à l’extinction do la conscience.