Page:Kant - Critique de la raison pure, 1905.djvu/39

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par son exemple qu’on peut dénombrer, d’une façon complète et systématique, tous les actes simples de la raison. Toute la question que je soulève ici est simplement de savoir jusqu’à quel point je puis espérer arriver à quelque chose avec la raison, si me sont enlevés toute matière et tout concours venant de l’expérience.

Mais j’ai assez parlé (so viel von) de la perfection (Vollständigkeit) à atteindre dans chacune des fins et de l’étendue à donner à la recherche de l’ensemble de toutes les fins que nous propose non pas un dessein arbitraire, mais la nature même de notre raison, en un mot de la matière de notre entreprise critique.

Il y a encore deux choses qui se rapportent à sa forme, la certitude et la clarté, et que l’on doit considérer comme des qualités essentielles que l’on est bien fondé à exiger d’un auteur qui s’attaque à une entreprise si délicate.

Or, pour ce qui est de la certitude, je me suis imposé cette loi que, dans cet ordre de considérations, il n’est aucunement permis d’émettre des opinions (meinen) et que tout ce qui en cela ressemble seulement à une hypothèse est une marchandise prohibée qu’on ne doit pas vendre même à un vil prix, mais qu’il faut confisquer, dès qu’on la découvre. En effet, toute connaissance qui a un fondement a priori s’annonce par ce caractère qu’elle veut être tenue d’avance pour absolument nécessaire ; à plus forte raison en sera-t-il ainsi d’une détermination de toutes les connaissances pures a priori, détermination qui doit être l’unité de mesure et par suite même l’exemple de toute certitude (philosophique) apodictique. Ai-je tenu sur ce point ce à quoi je m’étais engagé ? C’est ce qui demeure entièrement soumis au jugement du lecteur, car il ne convient à l’auteur que de présenter des raisons, et non de décider de leur effet sur ses juges. Mais pour qu’aucun prétexte innocent ne puisse venir affaiblir ces raisons, il doit bien lui être permis de signaler lui-même les endroits qui pourraient donner lieu à quelque méfiance, quoiqu’ils ne se rapportent qu’à un but secondaire, et cela afin de prévenir l’influence que le plus léger scrupule du lecteur pourrait avoir plus tard sur son jugement par rapport au but principal.

Je ne connais pas de recherches plus importantes pour l’étude approfondie du pouvoir (Vermögen) que nous appe-