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ANALYTIQUE DU BEAU


et la causalité d’un concept relativement à son objet est la finalité (forma finalis). Quand donc on ne se borne pas à concevoir la connaissance d’un objet, mais l’objet lui-même (sa forme ou son existence), en tant qu’effet, comme n’étant possible que par un concept de cet effet même, on conçoit alors ce qu’on appelle une fin. La représentation de l’effet est ici le principe qui détermine la cause même de cet effet, et elle précède. La conscience de la causalité que possède une représentation relativement à l’état du sujet, et qui a pour but de le conserver dans cet état, peut désigner ici en général ce qu’on nomme le plaisir ; au contraire, la peine est une représentation contenant la raison déterminante d’un changement de l’état de nos représentations en l’état contraire.

La faculté de désirer, en tant qu’elle ne peut être déterminée à agir que par des concepts, c’est-à-dire conformément à la représentation d’une fin, serait la volonté. Mais un objet, soit un état de l’esprit, soit une action, est dit final, alors même que sa possibilité ne suppose pas nécessairement la représentation d’une fin, dès que nous ne pouvons expliquer et comprendre cette possibilité qu’en lui donnant pour principe une causalité agissant d’après des fins, c’est-à-dire une volonté qui aurait coordonné ainsi ses fins d’après la représentation d’une certaine règle. Il peut donc y avoir