Page:Kant - Critique du jugement, trad. Barni, tome premier.djvu/136

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
106
CRITIQUE DU JUGEMENT ESTHÉTIQUE


ne consiste pas lui-même dans une belle forme, s’il est destiné, comme les cadres d’or, à recommander la peinture à notre assentiment par l’attrait qu’il possède, il prend alors le nom d’enjolivement et porte atteinte à la véritable beauté.

L'émotion ou cette sensation dans laquelle le plaisir n’est produit qu’au moyen d’une suspension momentanée, et, par suite, d’un plus vif épanchement des forces vitales, n’appartient pas à la beauté. Le sublime auquel est lié le sentiment de l’émotion exige une autre mesure de jugement que celle qui sert de fondement au goût. Ainsi un pur jugement de goût n’a pour motif ni attrait ni émotion, ou d’un seul mot aucune sensation comme matière du jugement esthétique.


§. XV.


Le jugement de goût est tout à fait indépendant du concept de la perfection.


On ne peut reconnaître la finalité objective qu’au moyen du rapport d’une diversité d’éléments à une fin déterminée, et conséquemment par un concept. Par cela seul il est déjà évident que le beau, dont l’appréciation a pour principe une finalité purement formelle, c’est-à-dire une finalité