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CRITIQUE DU JUGEMENT ESTHÉTIQUE


espèce de perfection, aucune finalité interne à laquelle se rapporterait l’union des éléments divers. Beaucoup d’oiseaux (le perroquet, le colibri, l’oiseau de paradis), une foule d’animaux de la mer, sont des beautés en soi, qui ne se rapportent point à un objet dont la fin serait déterminée par des concepts, mais des beautés libres et qui plaisent par elles-mêmes. De même les dessins à la grecque, les rinceaux des encadrements ou des tapisseries de papier, etc., ne signifient rien par eux-mêmes; ils ne représentent rien , aucun objet qu’on puisse ramener à un concept déterminé, et sont de libres beautés. On peut aussi rapporter à cette espèce de beauté ce qu’on nomme en musique fantaisies (sans thème), et même toute la musique sans texte.

Dans l’appréciation d’une beauté libre (considérée relativement à sa seule forme), le jugement de goût est pur ; il ne suppose point le concept de quelque fin à laquelle se rapporteraient les divers éléments de l’objet donné et tout ce qui est compris dans la représentation de cet objet, et par laquelle serait limitée la liberté de l’imagination qui se joue en quelque sorte dans la contemplation de la figure.

Mais la beauté d’un homme (et, dans la même espèce, celle d’une femme, d’un enfant), la beauté d’un cheval, d’un édifice (comme une église, un palais, un arsenal, une maison de campagne), sup-