Page:Kant - Critique du jugement, trad. Barni, tome premier.djvu/155

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
125
ANALYTIQUE DU BEAU


absolument d’une certaine manière (sans aucun autre dessein). Comme nécessité conçue dans un jugement esthétique, elle ne peut être nommée qu’exemplaire ; c’est-à-dire, c’est la nécessité de l’assentiment de tous à un jugement considéré comme exemple d’une règle générale qu’on ne peut donner. Comme un jugement esthétique n’est pas un jugement objectif et de connaissance, cette nécessité ne peut être dérivée de concepts déterminés, et par conséquent elle n’est pas apodictique. On peut bien moins encore la conclure de l’universalité de l’expérience (d’un perpétuel accord des jugements sur la beauté d’un certain objet). Car, outre que l’expérience fournirait difficilement beaucoup d’exemples d’un pareil accord, ou ne peut fonder sur des jugements empiriques un concept de la nécessité de ces jugements.


§. XIX.


La nécessité subjective que nous attribuons au jugement de goût est conditionnelle.


Le jugement de goût exige le consentement universel ; et celui qui déclare une chose belle prétend que chacun doit donner son assentiment à cette chose et la reconnaître aussi pour belle. Cette nécessité contenue dans le jugement esthétique est donc exprimée par toutes les données qu’exige le jugement, mais seulement d’une manière conditionnelle. On re