Page:Kant - Critique du jugement, trad. Barni, tome premier.djvu/183

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
153
ANALYTIQUE DU SUBLIME.


grandeur qu’on y saisit peut être étendue à volonté, pourvu que l’imagination puisse en former un tout. Un objet est monstrueux *[1] quand il détruit par sa grandeur la fin qui constitue son concept. On appelle colossale l’exhibition d’un concept, quand elle est presque trop grande pour toute exhibition (quand elle touche au monstrueux relatif) ; car le but de l’exhibition d’un concept est manqué, par cela même que l’intuition de l’objet est presque trop grande pour notre faculté d’appréhension. Mais un pur jugement sur le sublime ne doit point être fondé sur le concept d’une fin de l’objet, sous peine de n’être pas esthétique, et de se mêler avec quelque jugement de l’entendement ou de la raison.



Puisque la représentation de toute chose qui plaît sans intérêt au jugement réfléchissant contient nécessairement une finalité subjective et universelle, mais qu’ici le jugement ne se fonde point (comme pour le beau) sur une finalité de la forme de l’objet, on demande quelle est cette finalité subjective, et d’où vient qu’elle est pour nous une règle qui nous fait attacher une satisfaction agréable à un simple jugement de grandeur, et à un jugement où notre

  1. * Ungeheuer.