Page:Kant - Critique du jugement, trad. Barni, tome premier.djvu/248

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d’un objet ; et ces concepts (les catégories) exigent une déduction que nous avons donnée dans la critique de la raison pure, et par laquelle nous avons pu trouver aussi la solution de ce problème : comment des jugements de connaissance synthétiques a priori sont-ils possibles ? Ce problème concernait donc les principes a priori de l’entendement pur et de ses jugements théoriques.

Mais une perception peut aussi être immédiatement liée à un sentiment de plaisir (ou de peine), à une satisfaction qui accompagne la représentation de l’objet et lui tienne lieu de prédicat, et il en résultera un jugement esthétique, ce qui n’est pas un jugement de connaissance. Quand ce jugement n’est pas un simple jugement de sensation, mais un jugement formel de réflexion, qui exige de chacun, comme nécessaire, la même satisfaction, il a nécessairement pour fondement quelque principe a priori qui doit être purement subjectif (car un principe objectif serait impossible pour cette espèce de jugements), mais qui a besoin, comme tel, d’une déduction qui explique comment un jugement esthétique peut prétendre à la nécessité. Or c’est là ce qui donne lieu au problème dont nous nous occupons maintenant : comment des jugements de goût sont-ils possibles ? Ce problème concerne donc les principes a priori du Jugement pur dans les jugements esthétiques, c’est-à-dire dans les jugements