Page:Kant - Critique du jugement, trad. Barni, tome premier.djvu/273

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aussi le cas des objets de la nature qui ne nous intéressent par leur beauté qu’autant que nous lui associons une idée morale ; mais ce ne sont pas ces objets mêmes qui intéressent immédiatement, c’est la qualité qu’a la nature d’être propre à une association de ce genre, et qui lui appartient essentiellement.

Les attraits qu’on trouve dans la belle nature, et qui y sont si souvent fondus, pour ainsi dire, avec les belles formes, appartiennent ou aux modifications de la lumière (qui forment le coloris), ou aux modifications du son (qui forment les tons). Ce sont là en effet les seules sensations qui n’occasionnent pas seulement un sentiment des sens, mais encore une réflexion sur la forme de ces modifications des sens, et qui contiennent ainsi comme un langage qui nous met en communication avec la nature et paraît avoir un sens supérieur. Ainsi la couleur blanche du lis semble disposer l’âme aux idées d’innocence, et si on suit l’ordre des sept couleurs depuis le rouge jusqu’au violet, on y trouve le symbole des idées, 1° de la sublimité, 2° de la hardiesse, 3° de la candeur, 4° de l’affabilité, 5° de la modestie, 6° de la constance, et 7° de la tendresse. Le chant des oiseaux annonce la gaieté et le contentement de l’existence. Du moins interprétons-nous ainsi la nature, que ce soit là ou non son but. Mais cet intérêt que nous prenons ici à la beauté ne s’adresse qu’à la beauté de la nature ; il disparaît dès qu’on remar-