Page:Kant - Critique du jugement, trad. Barni, tome premier.djvu/277

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c’est-à-dire comme une occupation agréable par elle-même, et on ne lui attribue pas d’autre fin ; mais on regarde le métier comme un travail, c’est-à-dire comme une occupation désagréable par elle-même (pénible), qui n’attire que par le résultat qu’elle promet (par exemple, par l’appât du gain), et qui par conséquent renferme une sorte de contrainte. Doit-on dans la hiérarchie des professions ranger les horlogers parmi les artistes et les forgerons, au contraire, parmi les artisans ? Pour répondre à cette question, il faut un autre moyen d’appréciation que celui que nous prenons ici, c’est-à-dire qu’il faut considérer la proportion des talents exigés dans l’une et dans l’autre de ces professions. En outre, dans ce qu’on appelle les sept arts libéraux, n’y en a-t-il pas quelques-uns qui doivent être rapportés à la science et d’autres qui doivent être rapprochés du métier ? C’est une question dont je ne veux pas parler ici. Mais ce qu’il y a de certain, c’est que dans tous les arts il y a quelque chose de forcé, ou, comme on dit, un mécanisme, sans lequel l'esprit qui doit être libre dans l’art, et qui seul anime l’œuvre, ne pourrait recevoir un corps et s’évaporerait tout entier (par exemple, dans la poésie, la correction et richesse du langage, ainsi que la prosodie et la mesure). Il est bon de faire cette remarque dans un temps où certains pédagogues croient