méprise en une chose qui nous est d’ailleurs indifférente, ou plutôt l’idée que nous suivons est pour nous comme une balle avec laquelle nous jouons quelque temps, tandis que nous pensions seulement la saisir et la retenir. Le plaisir ne vient pas de ce que nous voyons un menteur ou un sot se confondre, car cette dernière histoire, racontée avec un sérieux affecté, exciterait par elle-même les éclats de rire d’une société, et l’autre ne serait pas ordinairement jugée digne d’attention. Il faut remarquer que dans ces sortes de cas la plaisanterie doit toujours contenir quelque chose qui puisse faire un instant illusion ; c’est pourquoi, quand l’illusion est dissipée, l’esprit revient en arrière pour l’éprouver de nouveau, et ainsi, par l’effet d’une tension et d’un relâchement qui se succèdent rapidement, il est porté et balancé pour ainsi dire d’un point à un autre, et, comme la cause qui en quelque sorte tendait la corde vient à se retirer tout d’un coup (et non insensiblement), il en résulte un mouvement de l’esprit et un mouvement intérieur du corps, correspondant au premier, qui se prolongent involontairement, et, tout en nous fatiguant, nous égayent (produisent en nous des effets favorables à la santé).
En effet si on admet qu’à toutes nos pensées soit lié quelque mouvement dans les organes du corps,