Page:Kant - Critique du jugement, trad. Barni, tome premier.djvu/338

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autre côté, l’opposition des jugements de goût entre eux, en tant que chacun de nous se borne à invoquer son propre goût, ne constitue pas une dialectique du goût ; car personne ne songe à faire de son jugement une règle universelle. Il ne reste donc d’autre concept possible d’une dialectique du goût que celui d’une dialectique de la critique du goût (non pas du goût lui-même) considérée dans ses principes : là en effet s’engage entre nos concepts une lutte naturelle et inévitable sur le principe de la possibilité des jugements de goût en général. La critique transcendentale du goût ne doit donc renfermer une partie qui porte le nom de dialectique du Jugement esthétique, que s’il y a entre les principes de cette faculté une antinomie qui rende douteuse sa légitimité, et par conséquent sa possibilité interne.


§. LV.


Exposition de l’antimonie du goût.


Le premier lieu commun du goût est contenu dans cette proposition, derrière laquelle quiconque n’a pas de goût croit se mettre à l’abri de tout reproche : chacun a son goût. Ce qui signifie que le motif de cette espèce de jugements est purement