Page:Kant - Critique du jugement, trad. Barni, tome premier.djvu/347

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une représentation inexponible[1] de l’imagination, et l’idée rationnelle un concept indémontrable[2] de la raison. C’est la condition de l’une comme de l’autre de ne pas être produites sans raison, mais (d’après la définition précédente d’une idée en général) conformément à certains principes des facultés de connaître auxquelles elles se rapportent (et qui sont subjectifs pour celle-là, objectifs pour celle-ci).

Les concepts de l’entendement doivent, comme tels, être toujours démontrables (si par démonstration on entend simplement, comme dans l’anatomie, l’exhibition) ; c’est-à-dire que l’objet qui leur correspond doit toujours pouvoir être donné dans l’intuition (pure ou empirique), car c’est par là seulement qu’ils peuvent devenir des connaissances. Le concept de la quantité peut être donné dans l’intuition a priori de l’espace, par exemple d’une ligne droite ou de toute autre figure ; le concept de la cause dans l’impénétrabilité, le choc des corps, etc. Par conséquent, tous deux peuvent être appliqués à une intuition empirique, c’est-à-dire que la pensée en peut être montrée (ou démontrée) par un exemple ; et il faut qu’il puisse en être ainsi ; autrement, on n’est pas sûr que la pensée ne soit pas vide, c’est-à-dire sans objet.

  1. C’est l’expression même dont Kant se sert.
  2. C’est aussi l’expression de Kant.