Page:Kant - Critique du jugement, trad. Barni, tome premier.djvu/357

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cipes, la nature révèle aussi partout dans ses libres formations une tendance mécanique à la production de formes qui semblent avoir été faites exprès pour l’usage esthétique de notre Jugement, et nous n’y trouvons pas la moindre raison de soupçonner qu’il faille pour cela quelque chose de plus que le simple mécanisme de la nature en tant que nature, en sorte que la concordance de ces formes avec notre Jugement peut fort bien dériver de ce mécanisme, sans qu’aucune idée serve de principe à la nature. J’entends par libre formation de la nature celle par laquelle, une partie d’un fluide en repos venant à s’évaporer ou à disparaître (et quelquefois seulement à perdre son calorique), le reste prend, en se solidifiant, une figure ou une texture, qui varie suivant la différence des matières, mais qui, pour la même substance, est toujours la même. Il faut supposer pour cela un véritable fluide, à savoir un fluide où la matière est entièrement dissoute, c’est-à-dire n’est pas un simple mélange de parties solides en suspension.

La formation se fait alors par une réunion précipitée[1], c’est-à-dire par une solidification soudaine, non par un passage successif de l’état fluide à l’état solide, mais comme d’un seul coup, et cette transformation s’appelle encore cristallisation. L’exem-

  1. durch Aschiessen.