Page:Kant - Critique du jugement, trad. Barni, tome premier.djvu/371

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

quoiqu’il ne puisse jamais l’atteindre parfaitement. Ce n’est qu’en excitant l’imagination de l’élève à s’approprier à un concept donné, et, pour cela, en lui faisant remarquer l’insuffisance de l’expression par rapport à l’idée, que le concept-même n’atteint pas, parce qu’elle est esthétique, et au moyen d’une critique sévère, qu’on l’empêchera de prendre les exemples qui lui seront proposés pour des types ou des modèles à imiter, qui ne peuvent être soumis à une règle supérieure et à son propre jugement, et c’est ainsi que le génie et avec lui la liberté de l’imagination échapperont au danger d’être étouffés par les règles, sans lesquelles il ne peut y avoir de beaux-arts, ni de goût qui les juge exactement.

La propédeutique de tous les beaux-arts, en tant qu’il s’agit du suprême degré de leur perfection, ne semble pas consister dans des préceptes, mais dans la culture des facultés de l’esprit par ces connaissances préparatoires qu’on appelle humaniora, probablement parce que humanité signifie, d’un côté, le sentiment de la sympathie universelle, et, de l’autre, la faculté de pouvoir se communiquer intimement et universellement, deux propriétés qui ensemble composent la sociabilité propre à l’humanité et par lesquelles elle sort des bornes assignées à l’animal. Le siècle et les peuples dont le vif penchant pour la société légale, seul fondement