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CRITIQUE DU JUGEMENT.


connaissance d’un objet des sens peut être considérée sous ces deux points de vue. Dans la représentation sensible des choses extérieures la qualité de l’espace, où elles m’apparaissent, est l’élément purement subjectif de la représentation que j’ai de ces choses (il ne détermine pas ce qu’elles peuvent être comme objets en soi) : aussi l’objet est-il simplement conçu comme un phénomène ; mais l’espace, malgré sa qualité purement subjective, n’en est pas moins un élément de la connaissance des choses comme phénomènes. De même que l’espace est simplement la forme a priori de la possibilité de nos représentations des choses extérieures, la sensation (ici la sensation extérieure) exprime l’élément purement subjectif de ces représentations, mais particulièrement l’élément matériel (le réel, ce par quoi quelque chose d’existant est donné), et elle sert aussi à la connaissance des objets extérieurs.

Mais l’élément subjectif qui, dans une représentation, ne peut être un élément de connaissance, est le plaisir ou la peine mêlée à cette représentation ; car le plaisir ne me fait rien connaître de l’objet de la représentation, quoiqu’il puisse bien être l’effet de quelque connaissance. Or la finalité d’un objet, en tant qu’elle est représentée dans la perception, n’est pas une qualité de l’objet même (car une telle qualité ne peut être perçue), quoiqu’on