AVANT-PROPOS
On sait l’influence considérable qu’a eue sur la philosophie du dix-neuvième siècle la Critique de la Raison pure. Mais on doit aussi reconnaître que, bien souvent, ce livre a été, peut-on dire, le seul. qu’on acceptât de Kant, et même encore de façon fragmentaire. Tel s’arrêtait à la Dialectique et croyait y voir que l’auteur s’était donné uniquement pour but de démolir toute métaphysique ; tel autre s’installait, au contraire, dans l’Esthétique, où il croyait trouver un système métaphysique, un idéalisme transcendantal ; tel autre enfin, s’en tenant à l’Analytique, voyait seulement dans ce livre une théorie de l’expérience. Et tous ceux-là, qui laissaient de côté la partie la plus importante de cette œuvre considérable, ne s’apercevaient pas que cette Critique, pour Kant lui-même, est un « exercice préliminaire (1)[1] », une « propédeutique (2)[2] » au système de la Raison pure et qu’il s’y propose tout simplement de « déblayer et d’affermir le sol, afin d’y élever le majestueux édifice de la morale (3)[3] ». Aussi étaient-ils incapables de saisir une liaison entre la Critique de la Raison