Page:Kant - Prolégomènes à toute métaphysique future, trad. Tissot, 1865.djvu/103

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
103
POSSIBILITÉ DE LA PHYSIQUE PURE.


tions de substance, de force, d’action, de réalité, etc., sont tout à fait indépendantes de l’expérience, et qu’elles ne contiennent absolument aucun phénomène des sens, elles semblent, par le fait, se rapporter aux choses en soi (noumena). Et ce qui confirme encore cette conjecture c’est qu’elles contiennent une nécessité de la détermination en soi, que l’expérience n’égale jamais. La notion de cause renferme une règle suivant laquelle d’un état donné en suit nécessairement un autre. Mais l’expérience peut seulement nous apprendre que souvent, et tout au plus un état des choses en suit ordinairement un autre, et ne peut par conséquent donner ni généralité stricte, ni nécessité, etc.

Les notions intellectuelles semblent donc avoir beaucoup trop de signification et de matière pour que le simple usage expérimental en épuise l’entière détermination, et l’entendement se construit ainsi peu à peu à côté de l’édifice de l’expérience une habitation beaucoup plus vaste qu’il remplit d’êtres purement intelligibles, sans même s’apercevoir qu’avec ses notions d’ailleurs légitimes il a dépassé les bornes de leur usage.


§ XXXV.

C’étaient donc deux recherches importantes, et tout à fait indispensables, quoique extrêmement arides que celles qui ont été faites dans la Critique, p. 180 et 283, par la première desquelles on a fait voir que les sens ne donnent pas les notions intellectuelles