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PRÉFACE.


parties, au lieu de la prendre en son entier, comme elle demandait à l’être pour que la question partielle même pût être résolue. En partant d’une pensée vraie, qui nous a été laissée par un autre, mais sans qu’il l’ait réalisée, on peut espérer d’aller plus loin par une réflexion continue, dans la voie ouverte par l’homme pénétrant auquel on doit la première étincelle de cette lumière.

Je m’assurai donc avant tout si l’objection de Hume pouvait se généraliser, et je ne tardai pas à m’apercevoir que le concept de la liaison de cause et d’effet n’était pas à beaucoup près le seul dont se serve l’entendement dans ses liaisons a priori des choses ; qu’il s’en faut tellement, que la métaphysique tout entière dépend de notions de ce genre. Je cherchai à m’assurer de leur nombre, et quand j’y eus réussi en partant d’un principe unique, je passai à la déduction de ces notions, assuré que je fus alors qu’elles n’étaient pas de l’expérience, comme Hume l’avait craint, mais qu’elles proviennent de l’entendement pur. Cette déduction, qui avait semblé impossible à mon habile prédécesseur, dont personne avant lui n’avait même eu la pensée, bien que chacun se serve avec assurance de ces notions sans se demander quel est le fondement de leur valeur objective, cette déduction, dis-je, était ce qui pouvait être entrepris de plus difficile en faveur de la métaphysique ; et, ce qu’il y a de pis encore en cela, c’est que la métaphysique, s’il en existe quelqu’une, ne pouvait m’être ici d’aucun secours, attendu que la possibilité de la métaphysique