Page:Kant - Prolégomènes à toute métaphysique future, trad. Tissot, 1865.djvu/181

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cienne et sophistique science d’apparence ; il s’élèvera bien plutôt avec une véritable satisfaction à une métaphysique, qui est certainement en sa puissance, qui n’a plus besoin de découvertes préliminaires, et qui peut procurer à la raison un contentement durable. Car un privilége auquel la métaphysique seule entre toutes les sciences possibles peut prétendre avec certitude, c’est d’être exécutée pleinement et à demeure, puisqu’elle ne demande aucun changement, et qu’elle n’est pas susceptible d’augmentation par de nouvelles découvertes, parce qu’ici la raison possède les sources de sa connaissance, non dans les objets et leur intuition (qui ne peut rien lui apprendre de plus), mais en elle-même, et que si elle a exposé déterminément, complétement, et de manière à prévenir tout malentendu, les lois fondamentales de sa faculté, il ne reste plus rien à connaître a priori par la raison pure, rien même qu’elle puisse raisonnablement se demander. L’attente assurée d’un savoir ainsi déterminé et achevé, a en soi un attrait particulier, abstraction faite de toute utilité (dont je parlerai cependant tout à l’heure).

Toute science fausse, toute vaine sagesse n’a qu’un temps ; elle finit par se détruire elle-même, et sa plus haute culture est en même temps le point de sa décadence. Que ce temps soit venu pour la métaphysique, c’est ce que prouve l’état où elle est tombée chez tous les peuples éclairés, quoiqu’elle ait été cultivée avec le même zèle que toutes les autres sciences. L’ancienne organisation des études universitaires en conserve encore l’ombre ; la seule académie des sciences, par des