Page:Kant - Prolégomènes à toute métaphysique future, trad. Tissot, 1865.djvu/186

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blables, mais des jugements tout à faits certains sur le degré de possibilité de quelques cas, sous des conditions uniformes données, qui doivent se rencontrer infailliblement, suivant une règle, dans la somme de tous les cas possibles, quoique cette règle ne soit pas suffisamment déterminée par rapport à chaque cas particulier. Les conjectures ne sont permises que dans la science empirique (à l’aide de l’induction et de l’analogie), de telle sorte cependant que du moins la possibilité de ce que j’admets soit parfaitement certaine.

Quant à l’appel au bon sens, c’est encore pis, si cela se peut, lorsqu’il s’agit de notions et de principes, non pas en tant qu’ils doivent être valables par rapport à l’expérience, mais en tant qu’ils doivent être donnés comme valables en dehors même des conditions de l’expérience. Car qu’est-ce que le bon sens ? C’est le sens commun en tant qu’il juge sainement. Et qu’est-ce que le sens commun ? C’est la faculté de la connaissance et de l’usage des règles in concreto, par opposition avec le sens spéculatif, qui est une faculté de connaître les règles in abstracto. Ainsi le sens commun entendra à peine la règle que tout ce qui arrive est déterminé par sa cause, mais il ne pourra jamais voir ainsi en général. Il demande donc un exemple tiré de l’expérience, et s’il comprend que cela ne signifie autre chose que ce qu’il a toujours pensé quand sa fenêtre était cassée, ou qu’un meuble lui avait été enlevé, il comprend alors le principe, et l’accorde également. Le sens commun n’a