Page:Kant - Prolégomènes à toute métaphysique future, trad. Tissot, 1865.djvu/238

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lument pas être senti ; et réciproquement, si quelque chose est un objet des sens et de la sensation, toutes les parties simples doivent l’être également, quoique la représentation puisse manquer de clarté. Mais il est évident aussi que cette obscurité des représentations partielles d’un tout, en tant que l’entendement voit qu’elles doivent néanmoins être contenues dans le tout et dans son intuition, ne peut les faire placer en dehors de la sphère de la sensibilité et les convertir en des êtres de raison. Les petites paillettes de Newton, dont les particules colorées des corps se composent, n’ont pu encore être découvertes par aucun microscope, mais l’entendement n’en connaît (ou n’en présume) pas seulement l’existence ; nous jugeons aussi qu’elles sont réellement représentées dans notre intuition empirique, quoique sans conscience. Mais il n’est venu dans la pensée d’aucun de ses partisans de dire pour cela qu’elles ne sont absolument pas sensibles, et de les donner pour des êtres de raison. Or, entre d’aussi petites parties et des parties simples, il n’y a d’autre différence que celle du degré dans la division. Toutes les parties doivent nécessairement être des objets des sens, si le tout doit l’être.

Mais qu’aucune image d’une partie simple n’ait lieu, quoique cette partie soit une partie d’une image, c’est-à-dire d’une intuition sensible, ce n’est pas une raison de la faire passer dans la sphère du sursensible. Des êtres simples doivent sans doute (comme la Critique le fait voir) être conçus en dehors des limites du sensible, et aucune image, c’est-à-dire aucune