Page:Kant - Prolégomènes à toute métaphysique future, trad. Tissot, 1865.djvu/246

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mode de représentation, nous tenons à ce qu’il puisse s’assurer par lui-même de l’opinion de l’auteur sur ce point.

Après avoir pris la peine inutile de prouver ce dont personne ne doute (p. 271-272), et s’être étonné en passant, mais naturellement, que l’Idéalisme critique ait pu ne pas apercevoir qu’une chose telle que la réalité objective d’une notion, réalité qui ne peut être prouvée particulièrement que dans les objets de l’expérience, peut cependant se prouver universellement, c’est-à-dire des choses en général, et qu’une telle notion n’est pas sans une réalité objective quelconque (quoiqu’il soit faux de conclure que cette réalité soit aussi prouvée par là pour des notions de choses qui ne peuvent être un objet de l’expérience), il ajoute aussitôt : « Je dois donner ici un exemple de la juste application duquel nous ne pourrons être convaincus que plus tard. Les sens et l’imagination de l’homme, dans son état présent, ne peuvent se faire une image exacte d’un polygone de mille côtés, c’est-à-dire une image telle, par exemple, que cette figure puisse être distinguée d’une autre qui n’aurait que neuf cent quatre-vingt-dix-neuf côtés. Mais dès que je sais qu’une figure a mille côtés, mon entendement peut alors lui attribuer différents prédicats, etc. Comment donc prouver que l’entendement ne peut absolument rien affirmer ni rien nier d’une chose en soi, parce que l’imagination ne s’en peut faire aucune image, ou parce que nous ne connaissons pas toutes les déterminations qui appartiennent à son individualité ? »