Page:Kant - Prolégomènes à toute métaphysique future, trad. Tissot, 1865.djvu/293

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qu’ils contiennent, je ne puis alors concevoir la propriété de ces espèces de représentations primitives que comme des formes purement subjectives (mais positives) de ma sensibilité (et nullement comme un simple défaut de clarté des représentations par elle), non comme des formes des choses elles-mêmes, par conséquent comme des formes seulement des objets de toute intuition sensible, c’est-à-dire encore comme des formes des simples phénomènes. On voit donc clairement par là, non seulement de quelle manière des connaissances synthétiques a priori sont possibles, tant en mathématiques qu’en physique, puisque ces intuitions a priori rendent cette extension possible, et que l’unité synthétique que l’entendement doit toujours donner à leur diversité, pour en concevoir un objet, doit la rendre réelle ; mais on voit en même temps et nécessairement que l’entendement, ne pouvant pas non plus percevoir par lui-même, ces propositions synthétiques a priori ne peuvent pas dépasser les limites de l’intuition sensible : toutes les notions qui dépassent ce champ doivent être vides et sans objet qui leur corresponde, puisque, pour obtenir de pareilles connaissances, il faut que je nie quelque chose de la provision qui me sert à la connaissance des objets des sens, ce qu’il n’est jamais nécessaire de faire par rapport aux objets sensibles, ou que j’affirme autre chose que ce qui peut jamais être affirmé de ces mêmes objets, et que j’essaie ainsi de me faire des notions qui, toutes exemptes de contradiction qu’elles sont, n’en restent pas moins parfai-