Page:Kant - Prolégomènes à toute métaphysique future, trad. Tissot, 1865.djvu/299

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pas pu rester inaperçues, si cette observation avait déjà été faite autrefois, un soupçon sur la justesse et l’importance de cette distinction, soupçon capable d’en entraver l’usage, devrait encore s’élever. Mais si cette division est mise hors de doute, et s’il en est de même de la nécessité avec laquelle se pressent visiblement ces conséquences, on peut alors admettre avec la plus grande vraisemblance qu’elle n’avait pas encore été faite.

Or, si la question : Comment une connaissance a priori est-elle possible ? avait été soulevée et traitée, surtout depuis Locke, quoi de plus naturel qu’après y avoir aperçu nettement la différence de l’analytique et du synthétique, on se fût aussitôt posé la question particulière et restreinte : Comment des jugements, synthétiques a priori sont-ils possibles ? Car du moment que ces questions auraient été soulevées, tout le monde aurait vu que le sort de la métaphysique, son maintien ou sa chute, dépendait de la manière dont le dernier problème serait résolu ; tout procédé dogmatique se serait appliqué à ce point jusqu’à ce qu’on eût obtenu une réponse satisfaisante à ce problème unique ; la Critique de la raison pure serait devenue la solution en présence de laquelle la plus forte trompette des assertions dogmatiques n’aurait pu s’élever. Or, comme il n’en a rien été, il faut bien que ce soit parce que la distinction en question de la différence des jugements n’avait jamais été bien connue. Le résultat eût été inévitablement le même, si l’on avait fait consister cette différence dans celle des prédicats, comme le fait