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INTRODUCTION.


égal à lui-même, ou (a + b) > a, c’est-à-dire le tout est plus grand que la partie. Et cependant ces propositions-là même quoiqu’elles n’aient de valeur que comme de simples notions, ne sont admises en mathématiques que parce qu’elles peuvent être représentées en intuition. Ce qui porte d’ordinaire à penser ici que le prédicat de semblables jugements apodictiques est déjà dans notre notion, et qu’ainsi le jugement est analytique, c’est tout simplement l’équivoque de l’expression. Nous sommes obligés, en effet, d’ajouter à un concept donné un certain prédicat, et cette nécessité tient déjà aux notions. Mais la question n’est pas de savoir ce que nous devons ajouter par la pensée à une notion donnée, mais bien de savoir ce que nous y pensons réellement, quoique d’une manière obscure ; d’où l’on voit que le prédicat tient, à la vérité, nécessairement aux sujets, par le moyen d’une intuition qui doit s’y ajouter, et non pas immédiatement.


§ III.

observation
sur la division générale des jugements en analytiques et en synthétiques.

Cette division est indispensable par rapport à la critique de l’entendement humain, et mérite d’y être considérée comme classique. Je ne sache pas qu’elle puisse avoir ailleurs une grande utilité ; et je trouve ici la cause pour laquelle des philosophes dogmatiques qui ne cherchaient jamais les sources des juge-