Page:Kant - Prolégomènes à toute métaphysique future, trad. Tissot, 1865.djvu/310

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nière, c’est-à-dire l’homme sous l’empire des lois morales). L’harmonie entre les conséquences tirées de nos notions de la nature et celle qui se déduit de la notion de liberté, par conséquent de deux facultés toutes différentes, doit alors être conçue (comme la morale l’exige en réalité) sous l’empire de principes entièrement hétérogènes en nous, et non pas deux espèces de choses différentes, en dehors l’une de l’autre, qui seraient en harmonie. Mais, comme la Critique l’enseigne, cette harmonie ne peut absolument pas être déduite de la propriété des êtres cosmiques ; elle ne peut être conçue qu’à l’aide d’une cause cosmique intelligente, comme un accord du moins contingent pour nous.

Ainsi donc la Critique de la raison pure pourrait bien être l’apologie propre de Leibniz, même contre des partisans qui le louent en termes peu honorables. Elle peut l’être encore pour divers philosophes plus anciens, auxquels tel historien de la philosophie, malgré tous les éloges qu’il leur donne, ne fait débiter que des non-sens. Il n’aperçoit pas leur dessein, parce qu’il néglige la clef de toutes les interprétations des produits de la raison pure par simples notions, la critique de la raison même, et ne peut voir dans ce qu’ils ont voulu dire que l’étymologie de ce qu’ils ont dit.


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